A propos de « La Vague Bleue » décembre 86

 

John BATHO

L’indiscipline,
Et si montrer ce qui est ne suffisait pas ? Si chaque image produite réclamait une métamorphose, une altération du réel ? Ainsi pour les couleurs, doivent-elles être reproduites exactement ?
Que savons nous d’elles ?
Plutôt les changements, l’instabilité et leur présence, les sensations qu’elles suscitent…
Le mieux est d’en revenir à la procédure et à l’image faite.
Finalement la photographie ne s’apprécie pas selon le reproduit des couleurs , elle est un verbe, une conjugaison des tons et des imbrications, elle révèle de l’inattendu, elle permet, par ses transformations, au photographe de dire quelque chose avec.
Il en est ainsi des pratiques artistiques, leurs fins ne se résument pas par le moyen et la discipline. Par une photographie les couleurs seront liées aux lieux et à l’espace, aux tonalités et aux contrastes, au sujet et à ses aléas… Tant de relations si vite ! Reste ce qui atteindra une cohérence, ce qui dépassera la beauté superficielle du procédé, ce qui prendra son évidence et donnera alors à apprendre du visible.
A ce qui ne serait que subordonné au rendu de la photographie en couleur, je préfère l’indocile, l’infidèle, l’inspiré, ce qui installe sur la chose vue une poésie du voir.

Jean ARROUYE

« La vitre rose » est un point d’équilibre exquis, d’une acuité extrême, entre projet et objet, image abstraite d’un spectacle et trace concrète d’une situation. A la surface de la vitre, la buée est une matière sensible; en profondeur l’image est structurée par l’effusion colorée de la lumière. Le réel est ici réduit à sa quintescence, et la photographie n’en conserve que les symptômes utiles à sa différenciation d’avec l’aquarelle ou le pastel. La photographie n’est plus alors le suspens d‘un aperçu, mais la cristallisation d’une rêverie.

 


"La vitre rose"

 

 


Droits de reproduction et de diffusion réservés: © Cécile Blaive

www.scamt.org